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Libération
Critique

La poésie s'engage en «néonégritude».

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Festival. Troisième «Printemps des poètes des Afriques et d'ailleurs» consacré à Senghor.
publié le 10 mars 2006 à 20h35
(mis à jour le 10 mars 2006 à 20h35)

Thierry Sinda aime le Printemps des poètes. Il lui pardonne volontiers son côté mièvre ou gadget, fait remarquer que, sans ce rendez-vous annuel, on n'échangerait rien, qu'aucun quotidien ne parlerait de la négritude. De fait, c'est lui qui organise pour la troisième année consécutive le «Printemps des poètes des Afriques et d'ailleurs»; une manifestation parisienne, nichée dans les creux du festival officiel, qui se décline en lectures, signatures, soirées slam, conférences hébergées par Paris III, consacrées cette année à Senghor dont on fête le centenaire. Parmi les sujets, «Senghor et Blaise Diagne» ou encore «Senghor et normandité», dont l'énoncé peut paraître un gag aux oreilles profanes, mais qui est en réalité très politiquement sérieux.

Violence incorrecte. Chaque édition compte un invité d'honneur. Mercredi, on a ainsi pu entendre s'élever la parole de la poétesse sénégalaise Annette Mbaye d'Erneville, 80 ans. Son texte Envoûtement (1964) résonnait d'une rage neuve au milieu d'un Paris sonné par la crise des banlieues : «Danse, négresse marron !/ Le Blanc applaudit/ Le Blanc rit de bon coeur/ Danse, Négresse marron/ Retrouve les pas de la danse du fouet ! (...) Ballet, danse, rythme/ Saoulé par les rires/ A trempé son tam-tam/ Dans le sang blanc du Blanc qui rit.»

Le Printemps des poètes des Afriques et d'ailleurs injecte un peu de politique, de violence incorrecte dans une célébration qui n'en regorge pas. Car, sous ce nom à rallonge, se cache en ré