On a parfois frôlé le look GIGN en opération spéciale avenue Montaigne. Corps recouvert de noir, visage parfois dissimulé derrière un masque grillagé, droites dans leurs bottes, ces femmes semblaient se protéger des agressions du monde extérieur. Peur de choper la grippe aviaire ? De tomber dans une émeute de banlieue ? Voire de provoquer des manifestations dans le monde arabe en se baladant les cuisses à l'air dans une minijupe, caricature de la décadence du monde occidental ? S'il est toujours risqué de calquer des interprétations géopolitiques sur la couleur d'une robe ou la forme d'un tailleur, les couturiers ne sont plus pour autant des esthètes coupés du monde, bourdonnant dans la ruche de leur atelier ou en méditation dans un palais vénitien. Ils ont quasiment tous décidé sans se concerter de protéger le corps des femmes. Pour rester dans le territoire de la mode, on peut y lire évidemment un énième enterrement du porno chic, mort le 11 septembre 2001 quand une dizaine de clientes new-yorkaises achetèrent dans l'après-midi même du désastre une flopée de chemisiers signés Tom Ford pour Yves Saint Laurent. On peut espérer que l'arrivée de ce «strict wear» pousse les dernières créatures couvertes de logos du pied au sac, à se réfugier dans les night-clubs de Moscou. Réjouissance ultime : l'architecture du vêtement semble intéresser davantage la nouvelle génération (Nicolas Ghesquière chez Balenciaga en tête) que l'organisation de shows ultra-spectaculaires pour les t
Reportage
Lignes de vertu
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publié le 10 mars 2006 à 20h35
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