«Et Anthime enlève à la pointe du mouchoir une escarbille imperceptible», écrivait André Gide dans les Caves du Vatican. Une escarbille est un grain de braise qui s'envole encore rouge d'une machine à vapeur. Les voyageurs qui se penchaient par la fenêtre des trains risquaient d'en recevoir une dans l'oeil, échappée de la cheminée de la locomotive.
Ce nom poétique habille un délicieux établissement posé en bord de la gare de Meudon-Bellevue. Cette grosse maison, égarée au fond d'une impasse, a logé cent cinquante ans durant un hôtel de gare, qui eut la réputation d'abriter les amours passagères des cadets de Saint-Cyr. En des temps plus rapprochés, un pantagruélique cuisinier y servait des portions grandes comme lui d'une solide cuisine bourgeoise. En dépit, ou à cause, de cette générosité, l'établissement fit lentement faillite.
Aujourd'hui, l'hôtel a disparu et la table a été reprise par un charmant couple franco-allemand de 33 ans et demi, en moyenne. On avait croisé Annette et Régis Douysset à la Grande Cascade, lui comme second en cuisine, elle comme sommelière futée en salle. Chapeau bas en passant à Georges Menu, patron de ce pavillon du bois de Boulogne, qui fait tout pour aider le jeune couple ayant pris son envol.
Repéré. Depuis une année, l'Escarbille attire une clientèle locale, sans compter qu'il a été prestement repéré par un chroniqueur parisien, Jean-Louis Galesne. Au risque de surprendre, cette escapade banlieusarde évoque la découverte, il y a quelques années