Menu
Libération
Critique

Millimaître Chopinot.

Article réservé aux abonnés
A Beaubourg, la chorégraphe présente «O.C.C.C.», sommet d'incandescence et de précision.
publié le 17 mars 2006 à 20h39

Ceci n'est pas un film. Pas n'importe quel film. Un Eisenstein période Alexandre Nevski ou un Dreyer période Ordet. Le cinéma n'est-il donc rien d'autre que de la danse sur grand écran ? O.C.C.C. n'est pas un film de Régine Chopinot mais sa dernière chorégraphie. Est-ce un hasard si elle ressemble à un film en noir & blanc quasi muet ?

En fond de scène, un immense écran rectangulaire, d'un blanc luminescent, descendant jusqu'à terre. Devant, deux séries d'objets peints en noir. Les premiers sont des valises attachées sur des porte-bagages à roulettes. Les seconds, des carreaux pourvus d'un socle. Tantôt utilisés comme les carrés au sol de Carl Andre, tantôt ils sont manipulés comme des éléments d'un jeu enfantin de construction, tantôt encore empilés comme des casiers à rangement pour buraliste obsessionnel.

Jusqu'au squelette. Il y a aussi des effigies à silhouette humaine, que les danseurs se refilent comme un patron de couture ou les découpages des grands Nus de Matisse, sauf que ceux-là ne sont pas bleus mais noirs. La bande-son est une musique pour gare de triage ou approchant, à la fois métallique et déchirée. Les interprètes sont vêtus de noir, bien sûr. Ils viennent saluer le public et puis s'en vont, noir, et puis reviennent, blanc.

Le spectacle commence par la fin. Comme c'est déjà fini, il n'y a plus qu'à recommencer. Ailleurs. L'incarnation se fait image. L'image des corps qui bougent, c'est un certain cinéma, pas celui des histoires et du scénario, plutôt des visag