«URGENT. Femme, 39 ans (artiste, moyen-orientale, ex-SPF & RDD [1]), offre mariage (papiers), à un homme S.P. Toute origine/religion possible.» La petite annonce défile dans une bannière publicitaire du site Sortir à Paris. Ni opération de marketing viral, ni appât pour refourguer Dieu sait quelle marchandise, cette «pub» est signée Ghazel, artiste d'origine iranienne résidant en France qui, après s'être retrouvée elle-même menacée d'expulsion, propose un mariage blanc militant à un sans-papiers. Jusqu'au 31 mars, onze artistes investissent l'espace publicitaire de sites web français, belges, italiens, américains et afghans, parasitant les messages, détournant les liens sponsorisés, désorientant l'internaute non-averti à coup de formules chocs ou d'images sibyllines. Neterotopia est une proposition de Daniele Balit, qui transforme les bannières honnies en lieux d'exposition. Clin d'oeil aux hétérotopies de Foucault, «les netérotopies sont insérées dans un système de communication médiatique, en respectant les règles et les limites de celui-ci tout en conférant un nouveau rôle à ces espaces publicitaires.»
Chaque oeuvre est étroitement liée au contexte du site : les hacktivistes de 01.org font la promotion de leur (faux) blockbuster européen United We Stand (Libération du 13 janvier) sur un site italien de cinéma, les cartes atopiques (cartes sans toponymie qui ne permettent plus de différencier un lieu d'un autre) de Luca Vitone interfèrent avec les itinéraires routiers du