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Libération

Voix cunilingues

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publié le 17 mars 2006 à 20h39

N'est-il pas «feulement» angoissant de décortiquer l'ultramythique Je t'aime, moi non plus, de Serge Gainsbourg ? «Revisited» par Cat Power et Karen Elson, le morceau original a déjà presque trente ans. Son trouble originel reste radical à chaque écoute. «Tout le monde s'est arrêté de manger», racontait d'ailleurs Jane Birkin, l'année dernière au Monde, en évoquant la première diffusion du slow. C'était en 1967 dans la salle à manger de l'Hôtel, rue des Beaux-arts, où elle séjournait avec Serge. Le reste, tout le monde le connaît. La BBC censure le disque. Le Vatican demande son interdiction. Ce qui fera dire à Gainsbourg que le pape fut son meilleur attaché de presse. Fort de ces considérations socio-historiques, on cherche évidemment une dernière trace ADN de subversion dans la version Cat Power, juste un tout petit cri oublié dans la nuit qui réactive le mythe et son soufre. A première ouïe, cela semble possible. Les Inrockuptibles (via Jean-Daniel Beauvallet, Christian Fevret, Thimothée Verecchia) ont eu la bonne idée de transformer ce pur hit hétéro du siècle dernier en remix saphique éthéré pour le nouveau (siècle). Mais éjaculation un peu précoce de ce côté-là. L'institutionnalisation gay et la tradition du duo «entre filles» dans tout soft hétéro a altéré le potentiel subversif de ce type d'entreprise. Sauf écriture goudou pointue. Peu importe. Car s'il y a trouble, c'est moins dans le «concept lesbien», éventuellement marketing, de cette reprise que dans son résulta