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Libération
Critique

Paradisiaque.

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Dans la Venise du XVIe siècle, les plus grands, de Véronèse à Tintoret, ont concouru pour une fresque monumentale au palais des Doges. Des projets exceptionnels que le Louvre expose aujourd'hui.
publié le 22 mars 2006 à 20h42

Comment représenter la joie absolue ? Ce défi par nature insurmontable fut proposé aux peintres de Venise en 1582. Après un incendie dans le palais ducal, la République lança un concours pour remplacer par une vision du Paradis la fresque qui ornait le mur de la tribune du Grand Conseil depuis le XIV e siècle. Les plus grands y répondirent, à commencer par Véronèse et Tintoret.

Cette exposition couronne d'une trentaine d'années de travaux scientifiques, qui ont permis d'identifier les projets et de les confronter tous, pour la première fois depuis leur réalisation. Jean Habert a dégagé l'espace de la chapelle du Louvre pour accrocher ces grandes toiles autour de la salle. La technique de la fresque avait en effet été abandonnée en raison de l'humidité rongeant les murs du palais. Des photomontages représentent ces esquisses en surimpression dans la salle palatiale. Implicitement, le visiteur est appelé à faire son propre choix.

Le programme du concours est fondamentalement politique. Grande puissance d'une indépendance jalouse, Venise vit encore sur sa gloire. Cette salle de 50 mètres sur 25 ­ et 12 de haut ­, l'une des plus vastes d'Europe, est le centre du pouvoir. C'est là que se réunissent les cent cinquante familles qui forment le gouvernement et élisent les doges, à vie. La Vierge étant la médiatrice entre Venise et les cieux, son couronnement est central à la représentation du Paradis. Il s'agit de montrer que l'essence de la République oligarchique est divine. Venise e