envoyé spécial à Tourcoing
Dans la grande nef du Fresnoy, treize stations forment le chemin de lumière de Thierry Kuntzel, balisé par les soins de Raymond Bellour, commissaire de l'exposition. De lumière et pas de croix. Rien à voir, donc, avec Room for Saint John of the Cross, de Bill Viola. Les deux vidéastes sont pourtant proches. Mais leur «croix», ils ne la portent pas de la même manière. Pour l'Américain, la peinture vient d'abord, le maniérisme recompose l'écran vidéo. Pour le Français, l'effacement est originel. La croix du premier est un dessin, celle du second, un signe.
Elégie. De 1979 avec Nostos I jusqu'aux Tombeaux de Fritz Lang et de Jacques Tourneur (2006), le parcours est ainsi placé sous le signe du retour et de l'élégie. Comme Mallarmé, Kuntzel a composé aussi son Tombeau d'Edgar Allan Poe. L'installation se trouve en fin de visite, paradoxalement proche, dans l'espace, de l'oeuvre proposée en introduction. Celle-ci s'appelle Une lettre. Il s'agit d'écrans sur socle, disposés en arc de cercle devant autant de sièges placés face à un pupitre. Les vidéos montrent des images campagnardes en plans fixes. De temps en temps, un micro-événement (passage d'un tracteur, d'un homme...) rappelle que ce sont des films et pas des photos. Sur chaque pupitre, un exemplaire de la Lettre de lord Chandos, d'Hofmannsthal, raconte, en termes inégalés, la mise au silence de l'écrivain. Pour peu qu'on mette maintenant la lettre en relation avec Poe, impossible de ne pas songer à