Londres envoyée spéciale
Comme chaque mois depuis cinq ans, ils se donnent rendez-vous à LimeHouse TownHall, dans un coin paumé d'East End, à proximité des docks de la Tamise. Dans le grand hall glacé de cette ancienne mairie désaffectée, investie par des collectifs d'artistes et d'activistes après avoir été un club de boxe dans les années 80 et un abri d'urgence pour les SDF, grouillait le week-end dernier une faune hétéroclite, quoique essentiellement masculine, et «branchée», au sens littéral. Barbus et touffus aux cheveux gras et sweat miteux, codeur en pantalon bariolé et dreadlocks, nerds intellos et arty, ingénieur bichonnant ses inquiétantes installations, ou chauve à lunettes en gabardine matelassée, vérifiant pour l'énième fois les branchements suspects de ses machines, ils ne manqueraient pour rien au monde un Dorkbot (dork pour «pauvre type», et bot pour automate).
De Berlin à Bahia. Lancé à New York en 2000, par Douglas Repetto, directeur de recherche du centre de musique par ordinateur de l'université de Columbia, Dorkbot est un club informel d'artistes, de bidouilleurs et de geeks «qui font des trucs bizarres avec l'électricité», d'après leur slogan. Le club a essaimé dans le monde entier, plus d'une trentaine de villes (de Berlin à Bombay, de Medellín à Melbourne, de Sofia à Bahia) ont ouvert leur cellule, offrant une tribune à tous ces savants fous, mi-artistes, mi-bricoleurs de génie, dont les «oeuvres» échappent à toute tentative d'étiquetage. Ce week-end, l