Tout a commencé par ces campagnes antifrançaises lancées aux Etats-Unis il y a trois ans au début de la guerre en Irak. C'est à ce moment que Joan DeJean, professeure de littérature et de civilisation françaises à l'université de Pennsylvanie, s'est dit qu'il fallait réagir. Pour elle, si l'Oncle Sam est redevable à La Fayette pour l'indépendance, il ne l'est pas moins (et avec lui le reste du monde) à Louis XIV pour le goût. Sans Versailles, point d'idée de luxe, de tendance ou de glamour. Dans son livre Du style, et son idéaliste sous-titre «Comment les Français ont inventé la haute couture, la grande cuisine, les cafés chic, le raffinement et l'élégance», Joan DeJean passe en revue tout ce qui fait le chic et date son apparition sous sa forme moderne à partir du règne du Roi-Soleil. Premiers salons de coiffure, boutiques de couturières ou marchands d'accessoires, création des premières «marques», création des «saisons» et naissance, essentielle pour la publicité, de la presse de mode. Cette débauche de luxe on la doit beaucoup à la splendeur de la cour de Louis XIV, mais tout autant à l'habile politique de son ministre Colbert. Hostile à l'importation de textiles chinois (déjà !), ce dernier favorisait les produits made in France. Car la mode, c'est aussi un marché, et ses victimes. Au XVIIe siècle les «esclaves de la mode» (dans le Dictionnaire de l'Académie dès 1694) ont un nouveau visage, ils ne sont plus uniquement les nobles de la cour mais aussi les bourgeois de la
Critique
La France où le chic est roi
Article réservé aux abonnés
par Sean James ROSE
publié le 24 mars 2006 à 20h43
Dans la même rubrique