Agglutinés au fond du plateau, ils regardent le public s'installer. Curieux, un peu anxieux, un rien effarés. Ils se regardent entre eux, s'épaulent, se serrent. La troupe d'acteurs pousse l'un des leurs sur l'estrade qui les sépare des spectateurs. L'élu s'approche, ouvre la bouche, écarte les bras. Mais rien. La parole, le corps, partent en pétoche. C'est comme un étrange accouchement. Un autre viendra le soutenir, puis tous. Les mots fusent bientôt, les rires aussi. Et c'est parti.
Il est 14 heures quelque part sur la scène d'un théâtre de France, un samedi ou un dimanche. Du côté de minuit, à l'heure des applaudissements, ils seront toujours là. Acteurs (tous, bien sûr) et spectateurs (quelques-uns ayant lâché prise, bien sûr). Fatigués et heureux. Ils viennent de partager dans l'allégresse trois Molière d'un coup : le sprint des Précieuses ridicules en une heure trente, la course de fond du Tartuffe en trois heures vingt et le festival multisports qu'est le Malade imaginaire en quatre heures chrono.
Excitant. Quasi neuf heures pour une saga nommée le Bourgeois, la mort et le comédien. Une orgie de théâtre comme on les aime : généreuse, audacieuse, excitante. Quand l'équipe de la compagnie La Nuit surprise par le jour salue les neuf acteurs (Cyril Bothorel, Xavier Brossard, Claire Bullett, Yannick Choirat, Yann-Joël Collin, Catherine Fourty, Dominique Guihard, Elios Noël, Alexandra Scicluna), les deux artistes-techniciens (John Carroll, Thierry Grapotte) et les deux musi