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Libération
Interview

Barney à babord.

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publié le 31 mars 2006 à 20h46

Matthew Barney hisse l'art au seuil de la démesure : non celle des studios, pour lesquels mobiliser un ou deux tankers, une raffinerie, un baleinier, des pêcheuses de perles, des marins et d'effets spéciaux pour une cérémonie où Björk et l'artiste se cannibalisent réciproquement dans une marée d'eau saumâtre, compterait pour des clopinettes. Barney, lui, est plutôt du côté d'un Prométhée se mesurant aux dieux. D'ailleurs, il est beau comme un dieu. Et puis le mythe est partout présent dans son oeuvre.

Barney procède par cycles. Il y a celui des Cremaster, cinq films chargés de «recréer le processus de création». Puis celui des Drawing Restraint, qu'on pourrait traduire par dessin contraint, mais aussi en termes de discipline d'entraînement et de résistance. Le corps athlète a battu le pouls des travaux de Matthew Barney dès ses années d'étudiant à Yale, en 1987, alors qu'il était enfermé dans son atelier et qu'il dessinait sous contrainte physique, accroché au plafond, sautant sur un trampoline, etc.

De cette sismographie dessinée des tensions, sont nés les récits, figurations et mythes, bref les oeuvres, parfois léchées jusqu'à l'énervement, comme ces clichés japoniais que, dans sa dernière réalisation, il pousse et étire jusqu'à dépasser leur point de perfection et amener à la destruction. Tel est Drawing Restraint 9, le nouveau film de Barney, avec participation et musique de son épouse, Björk.

Quelle est l'origine de la machinerie du film ?

Le point de départ était de faire