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Libération
Critique

Cobb secret

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publié le 31 mars 2006 à 20h46

Quand on évoque le nom de Jimmy Cobb, c'est d'abord au batteur de Miles Davis que l'on pense ; celui de Kind of Blue (avec John Coltrane) et d'At the Blackhawk (avec Hank Mobley). Mais Jimmy Cobb est aussi le nom du héros du Canicule de Jean Vautrin (personnifié par Lee Marvin dans le film qu'en a tiré Yves Boisset), un roman introduit par ces quelques lignes en forme de riff : «Le jour où Charlie Mingus est mort, cinquante-six baleines se sont suicidées en se précipitant sur le rivage. Juste en face de sa propriété.» «J'adore Mingus, plaidera Vautrin à l'époque, et le choix du nom de Jimmy Cobb est délibéré. J'ai voulu à la fois exprimer mon amour de l'Amérique et lui faire un pied de nez.» On ignore si Jimmy Cobb sait qu'il est devenu personnalité littéraire (bien avant que Barney Wilen ne renaisse héros de BD), mais musicalement il s'est fait de plus en plus discret. Se satisfaisant de son rôle de sideman (chez Wes Montgomery, Art Pepper, Sarah Vaughan...), qu'il n'abandonnera que pour enregistrer de rares albums sous son nom, dont un So Nobody Else Can Hear singulier, gravé en compagnie de Freddie Hubbard et de Gregory Hines, acteur-danseur promu crooner pour l'occasion. Que Branford Marsalis soit allé chercher Jimmy Cobb pour inaugurer une nouvelle branche de son label, «Honors series», en dit long sur la sensibilité musicale de l'aîné de la célèbre fratrie. Sur sa sagacité aussi. Car ce disque, enregistré en quartette (Andrew Speight au saxophone, Orlando Le Fleming à