La collection des Introuvables mérite plus que jamais son nom. Si Tomu Uchida (1898-1970) est considéré au Japon comme un grand maître du cinéma local à l'instar de Mizoguchi ou Ozu, il a fallu attendre 1997 pour qu'une première rétrospective de son oeuvre soit enfin organisée en France, au festival de La Rochelle. Depuis, hormis un hommage à la Maison de la culture du Japon à Paris en 2002, impossible de voir un film d'Uchida, que ce soit en salles ou à la télévision. La publication en DVD de trois de ses oeuvres phares constitue donc une occasion inespérée de découvrir un cinéaste dont l'éclectisme a sans doute freiné l'exportation de ses films en Occident.
Audace. Les interviews en bonus de son fils Yusaku Uchida et de Fabrice Arduani, programmateur de la Maison de la culture du Japon, offrent des clés biographiques essentielles à l'appréhension de son oeuvre. Comme beaucoup de cinéastes japonais de sa génération, Tomu Uchida a vu sa carrière bouleversée par la Seconde Guerre mondiale, qui éclate peu après la sortie triomphale de la Terre (1939), une description naturaliste du monde paysan audacieuse pour l'époque. Le réalisateur part alors en Mandchourie occupée dans l'idée de réaliser un film sur une compagnie de chars. Il y restera plus de dix ans, bien après l'armistice et la déroute japonaise : fasciné par les idées marxistes, Uchida veut vivre les bouleversements de cette région chinoise, bientôt dirigée par les maoïstes. Le mal du pays ne viendra qu'en 1953 quand, à