Sur sa brochure de présentation, on lit «designer industriel». Pourtant, quand on fait le tour des objets de Jean-François Dingjian, on n'y distingue aucune collaboration avec une entreprise. Même s'il a dessiné un chauffe-biberon pour Téfal resté dans un placard, et conçu un bureau-cabane pour la galerie Kreo que l'on verrait bien distribuée par une maison italienne comme Magis. Parmi ses réalisations diversifiées, se détachent l'aménagement du restaurant Sélénite à Bordeaux, des multiprises en Corian et la scénographie de l'exposition «l'Homme paré» au musée de la Mode et du Textile de Paris. Mais pas de produit édité. C'est le casse-tête vécu par ce designer, alors que sa conviction serait de travailler «aussi» pour un industriel.
Ce hiatus entre créateurs innovateurs et industriels français frileux, Dingjian, né en 1966, le vit avec un sourire mêlé de rage. S'il insiste sur la formule de «designer industriel», c'est que ça l'agace d'être catalogué comme un «marginal. Je suis diplômé de l'école des beaux-arts de Saint-Etienne en 1991, mais je n'ai jamais voulu être artiste. J'aimais à la fois le peintre Franck Stella et le designer italien Achille Castigliani. Très vite, pendant mes études, mon intérêt s'est tourné vers les outils de production. A l'époque, on ne disait pas encore "je vais être designer". Quand on affirmait que l'on voulait faire des meubles, c'était presque grave !».
«Désillusion».
Après les beaux-arts, il ne s'est pas immédiatement lancé dans cette jungle