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Libération

John McGahern, soleil couchant.

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Mort à 71 ans de l'auteur irlandais ancré dans un quotidien douloureux.
publié le 31 mars 2006 à 20h46

Le titre de son dernier roman, Pour qu'ils soient face au soleil levant, paru en 2002, évoquait des funérailles, mais d'une manière ni triste ni gaie. John McGahern, mort jeudi à Dublin, rappelait ainsi une vieille pratique païenne d'enterrement en Irlande qui voulait qu'un défunt soit enterré à l'est pour, au dernier jour, être face au soleil levant. La beauté de l'idée de résurrection lui plaisait. Comme la lumière de la campagne irlandaise dans le comté de Leitrim, au nord-ouest, où il avait grandi et où il vivait dans une ferme isolée depuis trente ans.

Exilé pendant neuf ans. Né à Dublin en 1934 d'une mère enseignante très catholique et d'un père officier de police, McGahern a connu l'exil comme d'autres écrivains avant lui, un Samuel Beckett ou surtout un James Joyce pour qui l'Irlande était «une truie qui dévore ses petits». Il avait pourtant bien démarré, reconnu dès son premier roman, la Caserne (1963), comme prometteur. Deux ans plus tard, la roue a tourné pour lui dans un pays encore profondément puritain et la censure interdit l'Obscur, qui ose parler d'un père abusant de son fils adolescent. Il est même renvoyé de son poste de professeur. McGahern émigre alors pendant neuf ans, à Londres, à Paris et aux Etats-Unis, continuant à écrire sur la société irlandaise. Sans haine et sans esprit de revanche. Simplement, il ne pouvait plus enseigner dans son pays, il lui fallait réussir à gagner sa vie ailleurs. Il refuse même la pétition lancée à Paris et soutenue par Bec