Smoking et papillon noirs, crâne rasé, jambes élastiques, les cinq Kékélé dansent lentement, en souplesse. Ils chantent la rumba, métissage de rythmes cubains et de cadences africaines né il y a un demi-siècle sur les rives du fleuve Congo. Nyboma Mwan Dido, Syran Mbenza, Loko Masengo, Bumba Massa et Wuta Mayi ont débuté chacun de leur côté, il y a plus de trente ans. A la manière des vétérans du Buena Vista Social Club, les cinq quinquas et sexagénaires revisitent l'âge d'or de la rumba congolaise, celle des années 50 et 60, soulignée par les costards zazous et les déhanchements de crooners veloutés.
Les Kékélé (liane, en lingala) jouent souvent à guichets fermés à travers l'Europe. Ils perpétuent une sorte d'époque yé-yé qui eut lieu dans les rues chaudes de Kintambo, le faubourg noctambule de Léopoldville, future Kinshasa, la ville la plus «ambiancée» d'Afrique après l'indépendance de l'ex-Congo belge avec son demi-millier d'orchestres avant que survienne la guerre au Zaïre. Il faut dire que, dès les années 20, la métropole était ouverte aux influences du large, avec ces airs à la mode venus des deux Amériques qui donnèrent le high-life afro-anglophone, puis la rumba afro-cubaine propagée par Franco, Dr Nico ou Tabu Ley. Reconnus pour leur toucher, plusieurs guitaristes congolais enregistrèrent à Paris pour les vedettes de la variété hexagonale. «A l'époque, Français ou Africains, on avait tous les mêmes maisons de disques et on jouait indifféremment les uns pour les aut