Menu
Libération

Ian Hamilton Finlay rejoint la pierre.

Article réservé aux abonnés
Mort du sculpteur-poète écossais adepte de l'Antiquité et des ruines.
publié le 3 avril 2006 à 20h49

«Le noir roc courroucé que la brise le roule/Ne s'arrêtera pas sous de pieuses mains», mais sous le coup de la maladie qui l'a emporté à 80 ans. L'artiste-poète Ian Hamilton Finlay est mort lundi dernier dans un hospice près d'Edimbourg. Un roc courroucé, il l'avait été en tentant de résister aux assauts de la polémique et aux accusations qui l'avaient traîné sur les bancs du tribunal.

Soupçon d'antisémitisme. L'affaire remonte au bicentenaire de la Révolution française. François Léotard, ex-séminariste reconverti plus tard dans la littérature, alors ministre de la Culture, avait commandé au sculpteur écossais un jardin de pierre pour célébrer 1789. L'artiste s'était en effet taillé une réputation internationale en matière de jardins, de Terreur (celle de Robespierre) et de mythologie antique. Il avait même construit une Little Sparta dans sa propriété campagnarde de Stonypath, au sud-ouest d'Edimbourg, qui lui valut une certaine renommée.

La commande publique fit long feu dès lors qu'un tollé se déclencha à la suite d'une plainte pour antisémitisme déposée par le sculpteur canadien Jonathan Hirschfeld, avec lequel il entretenait une correspondance. En France, Finlay avait déjà soulevé quelques réserves quand, en 1987, il avait exposé à la Fondation Cartier une pièce sculptée en forme d'ossements près d'un bloc sur lequel était gravé le sigle SS. Malgré le soutien d'un autre poète, Jean Ristat, le projet du bicentenaire sentait trop le soufre pour continuer à être officielleme