L'ironie est savoureuse. Peu de cinéphiles connaissent le nom de Pascal Aubier, encore moins ont vu un de ses films. Et pourtant le réalisateur aujourd'hui sexagénaire se voit consacré par le DVD grâce à une édition intégrale de ses films de fiction (1) qui courent sur quarante années. Avec seulement trois longs métrages mais une bonne vingtaine de courts parfois gonflés techniquement un travelling de 500 mètres en pleine montagne pour le Dormeur et souvent très originaux la Sauteuse (de l'ange) où Pascal Aubier laisse poindre sa passion pour Lewis Carroll.
Nouvelle Vague. Ethnographe de formation, spécialisé dans l'étude des Mélanésiens, Pascal Aubier est né au cinéma avec la Nouvelle Vague. Grâce à son copain de lycée Barbet Schroeder qui, apprenti producteur, lui demande, un jour de 1963, de trouver «une jeune fille étrangère parlant français avec accent» pour un court métrage de Jean-Luc Godard. «Je me pointe au rendez-vous avec deux filles, l'une qui rêvait d'être actrice, l'autre qui n'en avait rien à faire, raconte Pascal Aubier. Evidemment, Godard choisit la deuxième et, dans la foulée, me demande d'être son assistant. Quand je lui réponds que je suis totalement novice, il me répond que ça n'a aucune importance.» Finalement, Pascal Aubier sera premier assistant sur tous les sketches du film collectif Paris vu par..., aux côtés de Chabrol, Douchet, Rohmer, Rouch, Pollet, et rempilera avec Godard pour Pierrot le Fou.
Son passage à la réalisation ressort aussi du «c