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Claude Esteban, point final

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Mort lundi, le prix Goncourt de poésie 2001 entretenait un lien étroit avec la peinture.
publié le 14 avril 2006 à 20h56

Lundi dernier est mort à Paris Claude Esteban. «Tout sera fini, nous regarderons un petit arbre rose et les pétales tomberont sur nous doucement, il y aura du soleil et sans doute au loin la forme vague d'un nuage comme pour dire que les choses ne pèsent plus.» L'auteur de ces lignes, réajustées dans le flux prosodique, était poète. Il avait 70 ans. Sans doute, pour l'occasion, le nuage y était-il, même si le soleil ne devait guère briller en ce début de semaine si peu printanière.

En 1973, il avait fondé aux éditions Flammarion la collection «Poésie», qu'il a dirigée pendant une dizaine d'années. Auparavant, il s'occupait de la revue Argile, qui descendait en droite ligne d'une autre, publiée elle aussi chez Maeght et qui, sous le titre de l'Ephémère, rassembla, le temps de vingt numéros sous couverture illustrée par Giacometti, des poèmes de Jacques Dupin, Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Paul Celan et quelques autres. Esteban, tout comme Alain Veinstein ou Emmanuel Hocquard, s'inscrit dans cette filiation. Tous ces poètes ont manifesté un intérêt constant pour la peinture ; Esteban a lui-même publié des livres sur ou avec des peintres (Geneviève Asse, Raoul Ubac), ou des sculpteurs (Eduardo Chillida).

On lui doit encore, plus étrange, un livre sur Edward Hopper dont le titre seul, Soleil dans une pièce vide, est la description minimale, juste parce qu'irréaliste, de la peinture de l'artiste américain. Dans l'Ordre donné à la nuit (2005), à propos d'une oeuvre du Caravage, i