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Libération

Encrée en plein Montreuil

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publié le 14 avril 2006 à 20h55

Une machine à écrire qui aurait pu appartenir à un écrivain de polars des années 50 ­ on les aime, ici ­ ; une autre machine, à coudre celle-là, avec son pédalier en fonte ; un prie-dieu où viennent reposer une série de livres de la «petite bibliothèque» Rivages ; une chaise en bois qui s'écaille, soutenant quelques écrits intimes dont le Journal d'un manoeuvre, de Thierry Metz (Folio) ; de larges escaliers qui mènent aux différents domaines représentés ­ tout en haut, la jeunesse. C'est Folies d'encre, Montreuil, un samedi.

Ouverte dans un premier lieu il y a vingt-cinq ans, cette librairie semble s'être volontairement ancrée il y a trois ans dans un lieu où le «tout-Montreuil» passe, à l'orée d'un centre commercial, près d'une sortie de métro et de commerces divers : vendeurs de fleurs artificielles, bar du coin repeint façon ranch. Une manière de ne pas rester entre soi, avec le «club» essentiel mais pas suffisant des premiers clients de cette librairie (1).

Samedi, donc. Deux couples se sont donné rendez-vous dans les murs. Deux autres se croisent par hasard, une femme demandant à l'autre, au rayon philosophie : «Qu'est-ce que tu deviens ?» Une jeune fille au sac militaire, deux livres dans la main, glisse à son ami : «Allons-nous-en ! Sinon, il va encore falloir acheter une bibliothèque.» Plus loin, la voix grave d'un libraire faisant une courte lecture à un client, au hasard des pages d'un livre aimé : «Je n'eus point de rêvements cette nuit-là, mon casque s'affairant sa