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Libération

Bitch boys

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publié le 21 avril 2006 à 20h59

Connaissez-vous Peter, Nicholas, Rogert, John et les autres ? Si vous avez un mail, vous devez les connaître. En général, ils vous écrivent pendant la nuit, la vôtre, car ils habitent aux Etats-Unis. Vous recevez leurs billets au matin, quand vous allumez l'ordinateur en buvant un café. Ils mouillent chaque jour votre écran comme une averse grise et n'ont que des prénoms. En général, ils abordent en disant : «Hey», suivi de votre nom, qu'ils ont obtenu vous ne savez comment, sur une liste quelconque, au coeur de la Matrice. Et le seul fait que ces inconnus surgissent de cette façon vous énerve. Vous avez beau savoir que l'absence de tact est la règle sur l'Internet, qu'il n'y a personne en particulier derrière ces prénoms, qu'il s'agit d'une métastase de la grande machine à cons et que ces messages ne signifient rien, vous ne pouvez vous empêcher de les subir comme une intrusion brutale, anonyme, dans des moments qui vous appartiennent et que vous souhaiteriez protéger, autant que possible, du bruit d'un monde relativement déplaisant. «Hey, machin», vous rappelle Séraphin Lampion, l'assureur pénible des assurances Mondass, mais sans sa présence, sa jovialité, son côté pastis et pilier de tente. Ce que vous éprouvez, ici, caressé par l'absurde, c'est l'obscénité d'un projet, non plus de paix, mais de faim perpétuelle. Peter, Nicholas, Rogert, John et les autres vous proposent du Viagra ou une quelconque méthode destinée à allonger votre pénis. Enlarge your penis, c'est le mot