Héritiers des DJ et VJ, ces mixeurs de sons et d'images, les WJ ou webjockeys puisent eux directement leur matière sur Internet et mixent le flux du réseau en temps réel. Imaginé par la commissaire nouveaux médias indépendante Anne Roquigny, WJ-S est un dispositif de performance web lancé en octobre dernier au festival Dis-patch de Belgrade et décliné lors de deux sessions parisiennes, à Beaubourg et aux Ateliers de l'Ensad. La prochaine a lieu lundi à Ars Longa à 20 h 30.
Qu'est-ce qui a motivé ce projet ?
Je voulais transmettre cet énorme plaisir que j'ai à surfer en déplaçant cette pratique solitaire dans le cadre d'une performance, où l'on partage ses liens favoris avec le public. Ça fait dix ans que j'accompagne la création numérique, j'étais insatisfaite de la manière dont on montrait la création en ligne dans les centres d'art et les festivals, sur un écran, dans un coin. C'est de cette frustration qu'est née l'idée de créer un logiciel, développé par Stéphane Kyles, qui permettrait aux artistes de jouer avec le contenu du web et de faire déborder le réseau de la Toile.
Comment ça fonctionne, concrètement ?
Un ordinateur que j'appelle la régie web permet de piloter à distance un réseau de machines connectées au net. Contrairement aux DJ et aux VJ, qui stockent leur contenu sur leur disque dur local, la matière avec laquelle jouent les artistes de WJ est sur l'Internet. L'Internet, c'est un disque dur géant, dans lequel ils vont puiser leurs ressources en temps réel, et qu