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Libération
Critique

Vraies vies d'artistes

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publié le 21 avril 2006 à 20h59

Les éditions Le Mot et le reste viennent de publier un passionnant recueil d'essais de Raymond Federman, Surfiction, qui trace les contours des nouvelles fictions nées depuis les années 60. Ce livre, que l'on trouve en pile à la librairie Tschann, dit notamment ceci : «...Les grands supermarchés de livres américains (...) vendent plus de T-shirts, de calendriers ou d'attirail inspiré des héros de Stephen King que de livres» ; «au fond du magasin, presque dans l'arrière-boutique, il y a un rayon surmonté du panneau qui dit : Littérature (souvent écrit en lettres gothiques)... Le lecteur potentiel ne parvient que rarement jusqu'à ce mur, à l'exception de quelques fanatiques qui se souviennent encore où se trouve la Section des prophètes déchus.»

Eveil. Depuis les années glorieuses de ce quartier, quand les Montparnos, Kiki de Montparnasse, aimaient à fréquenter ce lieu, la librairie Tschann exerce son métier d'une telle façon que Federman trouverait ici le parfait négatif de sa description. Les artistes aiment toujours à la fréquenter : ce matin-là, on aperçoit les écrivains et cinéastes Jacques-Henri Michot et Jean-Marie Straub. On le sait, dire cela pourrait faire entendre «snob», «intellectuel», comme une moquerie ou une insulte. Ni camp retranché, ni cercle privé, ceci est une librairie discrète, généreuse et passionnante : un lieu de ressource et d'éveil.

Les nouvelles de Katherine Mansfield (Stock), les mémoires de Sybille Bedford (Bourgois) sont sur table. Quelques volume