"Et bien jouez maintenant... Mais sans moi !» semble nous murmurer Jean-Paul Pigeat. Le créateur du Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire, en 1992, disparu brutalement en octobre 2005, fut pendant quinze ans le concepteur et l'animateur omniprésent d'une manifestation qui a décapé les platebandes internationales. C'est lui qui avait soufflé le sujet de cette 15e édition : le jeu. Toute l'équipe de Chaumont, avec son successeur Christian Mary, à maintenu coûte que coûte la manifestation, en marquant leur fidélité «à l'esprit Pigeat».
Mais souffler n'est pas forcément jouer ! Cette thématique a toujours été contenue dans les jardins successifs de Chaumont, qu'ils aient été débordants de mosaïculture, d'érotisme, de chaos, de mauvaises herbes, de mémoire... Le jeu est inhérent au jardin comme un indispensable pléonasme. S'il ne se combine pas à d'autres réflexions et prospections, il s'aplatit comme autant de damiers, de jeux de l'oie, d'échecs, de toupies (Toupillonez), de bac à sable (Imaginoir) ou comme une Marelle d'eau, sur laquelle les enfants, certes, se feront un malin plaisir à sauter et s'éclabousser. Dans ce registre de la transposition du jeu de société, le boulier Flower'n'Roll, solitaire géant, amuse un peu plus, avec ses énormes ballons que l'on fait glisser sur des rails de massifs monochromes verts. Là, c'est l'exagération, le changement d'échelle qui séduit. Même sensation avec Jeu de rôle dans la prairie qui permet de pénétrer dans une énorm