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Libération

L'envers du Podium

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publié le 26 mai 2006 à 21h21

L'imagerie habituelle décrit la planète mode comme un village enchanté peuplé de gentils Ken et de jolies Barbie batifolant en apesanteur dans l'écrin du luxe. C'est tout le mérite du photographe américain Bruce Gilden de poser un regard brut et frontal sur la faune fashion à travers un magazine édité par l'agence Magnum. Après un premier numéro réalisé l'an dernier par Martin Parr, ce deuxième essai se présente sous la forme de sept cahiers, vendus dans quelques librairies pointues, et dont les tirages seront exposés à la Maison Rouge, à Paris.

Les titres de ces sept cahiers («pouvoir», «célébrité», «dépendances»...) donnent le ton. Les images, d'une radicalité sèche, en noir et blanc, racontent comment circulent la rivalité, la jalousie et l'intimidation. On y lit un rapport de force, on surprend une menace, on détecte une offre qui ne se refuse pas. Bruce Gilden, New-Yorkais de 60 ans connu pour avoir capté la violence des rues d'Haïti, est à l'opposé du cliché du photographe de mode. «M'habiller ne fait pas partie de mes priorités dans la vie», reconnaît-il, ajoutant que le seul vêtement qu'il change chaque jour, c'est «son slip» mais qu'il sait «apprécier de beaux vêtements». Il sait aussi reconnaître les dagues et les poisons qui circulent sous les manteaux vintage et les robes haute couture. Donatella Versace a l'air de sortir d'une vendetta sanglante ; Anna Wintour a des allures de veuve ultra chic de la n'dranghetta. Et Karl Lagerfeld tend sa main gantée, tel un von