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Libération
Critique

Démarche turque

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Invité d'honneur du volet «Métis» du Festival de Saint-Denis, Mercan Dede marie à l'électro la tradition soufie de la flûte ney.
publié le 30 mai 2006 à 21h23

Bien avant Midnight Express, qui contribua à inscrire Istanbul au top ten des destinations les plus antipathiques de la planète, puis l'explosion de son industrie touristique qui n'a pas suffi à la faire entrer dans l'Europe, la Turquie affola l'imagination de nombreux créateurs, Mozart en tête, dont l'Enlèvement au Sérail sacrifie au genre dit «turquerie» ; sans même parler de la fameuse Marche turque. Année Mozart oblige, la Turquie est l'invitée cette année du volet «Métis» du Festival de Saint-Denis, principalement dévolu à la musique classique. Pont jeté entre l'Europe et l'Asie, Istanbul sera célébré dans quelques jours par un grand concert confié au joueur de flûte ney et DJ Mercan Dede, qui peuplera la basilique des Rois de sonorités slaves, proche-orientales et occidentales, avec le concours d'un choeur arménien, d'une vocaliste kurde, et d'instrumentistes traditionnels. Plus familier de Banlieues Bleues ou du Cabaret sauvage de La Villette, Mercan Dede succède à Saint-Denis au Brésilien Lenine, aux Anglais d'origine indienne Talvin Singh et Nitin Sawhney, au Serbo-Croate Goran Bregovic et au cinéaste inspiré par les gitans Tony Gatlif.

Rien ne prédestinait ce fils d'un comptable de Bursa, première capitale de l'Empire ottoman, à défendre un jour la tradition musicale soufie. La religion tient peu de place dans son éducation, et lorsqu'il s'inscrit en 1984 à l'université, c'est pour étudier le journalisme. Le hasard veut qu'il ait dans ces murs la révélation du ney.