Moscou de notre orrespondante
Staline et un ours pissant sur l'URSS (de Leonid Sokov, 1991), un grand penseur sculpté en éponge verte se vaporisant de déodorant jaune (Sergueï Shekhovtsov, 2003), des bêtes fauves en carton couchées dans les jardins de l'Alhambra (Valery Koshlyakov, 1992)... Pour son 150e anniversaire, fêté ces jours-ci à Moscou, la galerie Tretyakov, sanctuaire de l'art russe du XIIe siècle à nos jours, tente de montrer qu'elle est encore bien fraîche et vivante.
Dans le hangar de béton consacré aux collections du XXe siècle, longtemps occupée par les paysans et ouvriers radieux du réalisme socialiste, une nouvelle exposition redonne de l'ampleur aux «avant-gardes» russes, du début du XXe et d'aujourd'hui. La galerie est fière d'avoir réussi à reconstituer l'expo Obmokhou de 1921, installation qui rassemblait plusieurs sculptures géométriques de Tatline ou d'Alexandre Rodtchenko, et dont il ne restait pratiquement plus que deux photographies.
«Nous aurions même voulu mettre tout l'art soviétique au dépôt, et ne le ressortir qu'en 2017, pour l'anniversaire de la Révolution, avoue Andreï Erofeev, responsable des «nouvelles tendances» à la Tretyakov. Nous aurions ainsi pu voir ce qu'était l'art russe sans le réalisme soviétique.» Trop radicale tout de même pour la vieille Tretyakov, l'idée a été rejetée : les paysans ravis de Gerassimov ou le grand Staline après l'averse ont gardé leur place dans le hangar d'exposition. Mais, autour d'eux, et de plus en plus à cha