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Hilton Ruiz et ses claviers sur la touche

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Originaire de Porto Rico, le pianiste new-yorkais, sideman incontournable dès les années 70, est mort à La Nouvelle Orléans.
publié le 13 juin 2006 à 21h47

Si l'on devait le définir sommairement, on pourrait dire de lui qu'il constitue le lien évident entre Art Tatum, l'octopus des claviers swing (dont Stéphane Grappelli avouera un jour qu'il pensait qu'il était «deux» pour jouer aussi vite), et Chucho Valdès, digne héritier de son géniteur Bebo, l'éminent pionnier du jazz afro-cubain. Mais un examen attentif de son parcours phonographique pour le moins sinueux permet de constater rapidement qu'Hilton Ruiz, pianiste d'origine portoricaine, né à New York le 29 mai 1952, était un musicien autrement difficile à cerner. A même de s'adapter indifféremment au répertoire mozartien, aux riffs incantatoires du soulman Rahsaan Roland Kirk, aux thèmes revendicatifs d'Archie Shepp, à l'élégance libertaire de Sam Rivers et même à la rigueur sonore d'un Charles Mingus alors (1973) très en colère.

En fait, s'il n'avait pas croisé le chemin de Mary-Lou Williams, Hilton Ruiz aurait probablement fini concertiste classique, lui qui, à 8 ans déjà, se produisait au Carnegie Hall. Six ans plus tard, il interprétait Bach aux grandes orgues, et faisait également partie d'un orchestre d'accordéons. Porté sur la musique latine, rapport à ses racines, il finissait par s'y frotter dans la formation d'Ismael Rivera, ensuite avec Ismael Quintina y Sus Cachimbos, après un intermède boogaloo chez Ray Jay and the East Siders.

Adeptes. C'est donc la rencontre avec Mary-Lou Williams qui va «ouvrir» ce pianiste aux idées on ne peut plus traditionnelles, à l'univers