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Libération
Critique

Colrat, bête d'affiches

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publié le 16 juin 2006 à 21h27

Il s'est toujours situé «entre les deux.» «Quand j'étudiais aux Beaux-Arts, on me disait d'aller voir aux Arts-Déco. Et là, on me renvoyait vers l'art ! Je ne voulais pas faire du graphisme en prestataire de service. Mais j'étais fasciné par les affiches.» Des affiches, le «photo-graphiste» Pascal Colrat, née en 1966, en signe aujourd'hui, comme celle du Festival de l'affiche de Chaumont, une «vraie» tête de cerf naturalisée et maquillée, emblème qui plonge dans le conscient (et l'inconscient !) chasseur du terroir haut-marnais. Sur les murs parisiens, au fil des spectacles, on découvre ses grands posters pour le théâtre du Tarmac de la Villette. «On ne me demande pas de faire des images lisses. Je peux taper fort !» Comme avec la tête de ballon crevé d'un Noir, pour la pièce Banc de touche, qui tire sur les rapports entre le foot et l'Afrique.

Grain d'absurde. Pour Maarch, d'Issam Bou Khaled, c'est un presse-purée soudé à un casque américain qui coiffe un soldat. On sent la raillerie brutale et un gros grain d'absurde. Ce spectacle retrace la tourmente de neuf soldats, «9 fiers à bras de pacotille». Dans toutes ses images, Colrat introduit la photographie, qu'il ne confie qu'à lui-même, et de la matière brute qu'il pétrit. «Ce ne sont pas des manipulations obtenues grâce au logiciel informatique Illustrator.» Très peu de typographie sur ces messages, des signes assemblés par un metteur en scène. Toute la série est de ce tonneau percutant. Colrat travaille dans la même veine