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Libération

Va y avoir du style

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En vingt ans, le sport s'est imposé sur les territoires de la mode. Et, après avoir fait la synthèse entre la compétition et les influences de la rue, il reste aux grandes marques une conquête à faire, celle de la femme et de ses exigences vestimentaires.
publié le 16 juin 2006 à 21h27

Les types du groupe de rap américain Run DMC se souviennent : au coin d'une rue new-yorkaise, un peu allumé, Russell Simmons, le pas encore magnat du hip-hop, a cette idée géniale pour répondre à un Noir du ghetto qui les traite de racailles : «On va faire une chanson sur nos Adidas dont le refrain sera "mes Adidas ne sont pas des pompes de racaille".» On est en 1985. Sans s'en rendre compte, Simmons et sa bande viennent de faire sortir le sport des stades. Ou plutôt : de lui injecter une sacrée dose de style. L'année suivante, les dirigeants de la marque aux trois bandes signent avec Run DMC le premier contrat extrasportif de l'histoire du sport : un million de dollars. Dans la foulée, en un seul week-end, il se vend pour 22 millions de dollars de produits siglés Adidas-Run DMC. Cette anecdote, racontée dans l'excellent documentaire Sneakers : le culte des baskets (1), scelle l'interaction entre sport et culture. Sport et allure. Depuis, ces univers se sont tellement phagocytés qu'un sondage peut, aujourd'hui, révéler sans surprise que 79 % des jeunes de 8 à 19 ans, quand ils pensent à des marques de vêtements, citent des griffes de sport (2). Ou encore : que Stella McCartney fait un malheur chez Adidas depuis qu'elle y dessine une collection. Ou encore : qu'une génération d'urbains adeptes du «cool» se retrouve dans les modèles volontairement décalés de Puma, qui collabore avec Philippe Starck ou Alexander McQueen.

Où sont les femmes ? (Patrick Juvet, 1977)

A la base, donc : baskets blanches élimées, bas de survêtem