Une pub Mercedes se déroule toujours selon le même onctueux protocole. Nous filons en général sur une route nationale dans une campagne «universelle». Une berline enchaîne dans un silence mat les virages balisés, les tunnels climatisés et autres sinusoïdes goudronnées. Des arbres centenaires défilent, se reflétant sur l'habitacle métallisé. A l'arrière, un enfant lève des yeux songeurs, protégé par 12 airbags. Les suites de Bach pour violoncelle seul accompagnent souvent ce tableau de félicité familiale à 30 000 euros et plus. Signe intérieur de richesse, l'oeuvre de Jean-Sébastien coïncide avec l'ambiance de salon bourgeois roulant. Seulement voilà. Depuis quelques jours, un spot pour la nouvelle Classe E (avec phares au xénon) trouble cette image d'Epinal. Nous sommes toujours sur une nationale. La belle berline enchaîne toujours les courbes d'asphalte. Jusqu'ici tout va bien... n'était une ambiance de nuit prélycanthropique et une étrange bande-son. Ni suites pour violoncelle ni Christina Aguilera (pour la nouvelle Classe A, plus jeune, moins bourge). L'illustration sonore jure avec les harmonieux tours de roues de notre Classe E qui file sans bruit, comme un voleur dans la nuit. Un inspecteur de la Sacem obsessionnel débusquera tout de suite les emprunts à la BO de Basic Instinct (1992). Composé par Jerry Goldsmith (Alien, Poltergeist, Rambo...), le «main title» du film de Verhoeven s'est invité, sous une forme frelatée. Devenu un classique même si l'exhaustif Michel C
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