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Putains de style

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Au Brésil, des prostituées lancent leur propre ligne de vêtements. Soutenues par une ONG qui lutte pour leur statut juridique et aide à leur reconversion, elles brisent les tabous et s'emparent des podiums.
publié le 23 juin 2006 à 21h32

Rio de Janeiro envoyée spéciale

Première semaine de juin, Gisele Bündchen défile à Rio pour la semaine de la mode. Mais l'übermodel brésilien a de la concurrence : les putes de Rio, qui défilent elles aussi, presque simultanément et pour leur propre marque : Daspu. Au Circo Voador, l'espace polyvalent où se tient la présentation, c'est la fébrilité des grands jours. Maquilleuses et coiffeuses sont à pied d'oeuvre. Cheveux crêpés, dix filles attendent leur tour. Parmi elles, Jane, une grande Noire, lance : «Je suis prostituée parce que j'aime ça. Je n'ai pas besoin d'argent.» C'est en décembre que Davida, une ONG brésilienne, qui lutte pour la reconnaissance juridique de la prostitution comme activité professionnelle et aide aussi les filles à se reconvertir, a lancé Daspu. «Le vêtement est essentiel pour les professionnelles du sexe, explique Gabriela Leite, 54 ans, prostituée à la retraite et fondatrice de Davida. Nous avons donc choisi de défendre notre cause par la mode, tout en créant une source de revenus pour financer nos activités. Car nous avons très peu d'appuis financiers. Difficile de trouver des investisseurs qui veulent associer leur nom à un mouvement de prostituées.»

Aide française. «Au départ, raconte Flavio Lenz, son compagnon et membre de Davida, on a mis de l'argent de notre poche : juste de quoi faire des T-shirts. Comme ils se sont bien vendus, on a pu investir dans une collection entière.» La ligne de vêtements a donc été confiée à la styliste Rafaela Mon