Une silhouette de chat, la dégaine fouettée de bon goût : Joana Preiss, la muse numéro un de Nicolas Ghesquière, affiche les coquetteries de son statut. Minauder pour ne pas dire son âge ; faire mine d'être gênée d'être justement ça : une égérie. Et peut-être l'est-elle vraiment embarrassée par cette intronisation en «it girl», telle une Chloë Sevigny des bords de Seine, princesse d'une scène underground qui inclurait musique pointue (entre rock et contemporain), cinéma aussi exigeant (elle joue dans les films de Christophe Honoré, dont le prochain Dans Paris), et mode bien sûr, là encore très sélect : elle ne porte que du Balenciaga, un peu de Chanel et ses affaires vintage.
Fille du Sud grandie entre Nice, Montpellier et Marseille, Preiss ne possède ni l'accent ni les manières un peu théâtrales que l'on prête aux Méditerranéens. Quittant ses parents middle-class pour Paris, cette liane n'avait jeté dans sa besace qu'une seule chose, mais de taille : le talent d'une Rastignac branchée. De copains bien introduits en études de musicologie à la Sorbonne, Joana Preiss fait aussi mannequin, vaguement. En 1999, elle rencontre Nicolas Ghesquière. «On a tout de suite parlé de musique, de politique, c'était fou.» Depuis, ils partent en vacances ensemble et Joana squatte même, entre deux appartements, celui de Nicolas. Cela lui donne-t-elle l'audace de lui dire que sa dernière robe est ratée ? Elle rit, éberluée. «Non, non, on est très admiratifs l'un de l'autre. Et, pour l'instan