Dès l’entrée de ce qu’on appelle désormais «l’expo Godard», est collée une feuille de papier toute simple, avec écrit, en partie au marqueur (ils sont là, noirs et rouges, laissés sur une étagère) : «Le centre Pompidou a décidé de ne pas réaliser le projet d’exposition intitulé «Collage(s) de France. Archéologie du cinéma», en raison de difficultés artistiques, techniques et financières qu’il présentait [les mentions «techniques et financières» sont ostensiblement rayées, ndlr], et de le remplacer par un autre projet intitulé «Voyage(s) en utopie. A la recherche d’un théorème perdu. JLG 1945-2005″. Ce second projet inclut la présentation partielle ou complète de la maquette de «Collage(s) de France». Jean-Luc Godard a agréé la décision du centre Pompidou.» Tout est dit : en guise d’expo et d’utopie, c’est un vaste chantier, celui de l’exposition qui n’a pas pu avoir lieu, chantier dont les traces sont, de fait, les seules choses vraiment visibles : parpaings, grilles de protection, échafaudages, planches en vrac, palettes en bois. Mais tout est laissé en plan : l’échafaudage par terre et les installations «pas finies», les fils des télés et des écrans traînent partout, les lits défaits, les étiquettes des plantes vertes encore visibles (avec le prix).
Jean-Luc Godard a toujours été fasciné par l’idée d’exposer son «œuvre» mais a cependant constamment détesté les musées. Il vénère le musée comme idée montrer ensemble des œuvres pour les rapprocher, les confront