Chaque jour, un miniportrait sociologique des publics du Festival.
Lorsque nous avons décidé de renouveler l'expérience des portraits quotidiens de spectateurs, nous avons voulu reprendre contact avec certaines des personnes qui nous avaient si généreusement parlé de leur relation à Avignon en 1996. Tâche difficile. Où est Jacques le vétéran qui avait connu le Festival des origines? Et Anne-Marie la discrète, qui avait un soir partagé la cour d'honneur avec le président de la République? Nous les saluons en espérant qu'ils vont bien et que nous les croiserons peut-être dans une rue d'Avignon cet été.
Il y en a un que nous n'avons jamais perdu de vue: c'est Patrice, le prof de philo expert pour le théâtre. Il a changé de région ainsi que de compagne et n'a pas renouvelé ses fonctions d'expert auprès des services régionaux du ministère de la Culture. Il n'éprouvait pourtant aucune lassitude à l'égard du théâtre en région: il est resté un spectateur professionnel, mais dit s'être trouvé «coincé» entre un directeur régional très conservateur (un catholique «presque intégriste», nouveau dans le métier et qui mène la vie dure à son conseiller pour le théâtre, aujourd'hui «à deux doigts de la déprime») et des petites compagnies «toujours en dessous du seuil de flottaison», pour la plupart composées de très bons copains.
Il s'interroge sur la réelle volonté d'action de l'Etat. Il trouve que tout ça fait un peu «fin de partie», mais n'a rien perdu de s