(envoyé spécial à Nice)
Si La Nouvelle-Orléans avait une bande-son, dit-on, ce serait leur musique. Et si elle a une voix, c'est évidemment la sienne : Aaron Neville et ses frères, Art, Charles, Cyril étaient, lundi soir à Nice, pour prêcher l'Evangile selon saint Funk, appuyés par deux autres membres de la tribu, Ian (fils d'Art), Ivan (fils d'Aaron), et trois musiciens. A 1 heure du matin, après deux heures de concert torride sous les oliviers de Cimiez, les milliers de spectateurs du Nice Jazz Festival avaient été convertis.
Beaucoup n'avaient peut-être jamais entendu parler des Neville Brothers, sinon comme d'un groupe du passé. Ils n'en pouvaient plus de danser sur ce funk créole, véritable «gumbo musical» qui touille joyeusement rythmes africains, caribéens, latinos, gospel, zydeco, jazz, R & B et soul, sans oublier quelques épices de reggae ou de rap, une dose de vanille sous la forme de l'inimitable falsetto d'Aaron. Plus un zeste d'amertume et de révolte en raison de la tragédie qui a dévasté leur ville il y a un an.
«Miraculé». A 65 ans, Aaron Neville a le look gansta rap tee-shirt moulant sur son torse de culturiste, casquette retournée, lunettes noires, un poignard tatoué sur la joue. Mais, assis avant le concert sur la terrasse d'un grand hôtel de la Promenade des Anglais, il explique, de sa voix douce et posée de prédicateur catholique, la médaille de saint Jude qui pend à son oreille gauche, les croix de bois qui se mêlent aux énormes bagouzes et aux gourmettes