Comment s'habille la maîtresse du banquier Untel ? Où croiser Dulce Liberal Martínez de Hoz, la femme la plus élégante du monde, à Longchamp ou à Biarritz ? Qui a inventé «les Riens», ces petits trucs, foulards, parfums ou gants, qu'adorent les fashionistas fauchées ? Réponses avec les frères Séeberger, Jules, Louis et Henri, sans oublier Jean et Albert (la deuxième génération), dont la Bibliothèque de France expose 500 clichés de mode réalisés en extérieur, entre 1909 et 1939.
De cette famille modeste, unie dans la photographie, l'on connaissait jusqu'alors les vues de Paris, d'une intense beauté (1), comme celles, fameuses, des inondations de 1910. Champions des concours et des cartes postales, les Séeberger se lancent dans la mode en 1909 (l'aîné, Jules, a 37 ans) et leurs premières photos paraissent dans la revue la Mode pratique. Un débouché logique, puisque c'est là, dans cette presse spécialisée, que les lectrices s'inspirent pour leur future garde-robe.
C'est une époque sans prêt-à-porter, mais avec des couturières renommées et beaucoup d'éducation. On s'envoie par courrier des «salutations empressées» ou «mille compliments». Les Séeberger, au fur et à mesure de leur production, découvrent cette microsociété peuplée d'oisifs, de particules et de chapeaux, qui naviguent entre ces multiples ports d'attaches, les Alpes en janvier, l'hippodrome de Chantilly en juin, les planches de Deauville en août.
Ethnie étrange. Même s'ils ne sont pas du mêm