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Libération

Jacques Ozouf quitte les bancs de l'école républicaine

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Mort de l'historien, époux de Mona Ozouf et chef de file, avec Furet et Le Roy Ladurie, de l'école des «Annales».
publié le 2 août 2006 à 22h50

Jacques Ozouf, historien important de l'école républicaine, pilier de l'école des Annales (du nom de la revue) dans les années 60 et 70, mari de Mona Ozouf depuis cinquante ans, est mort samedi à Limogne-en-Quercy (Lot), d'une attaque cérébrale, alors qu'il se promenait dans la rue, à 77 ans. Né dans une famille d'instituteurs, pour qui l'instruction publique était comme une lettre de noblesse, il a consacré une part importante de sa vie à cet objet précis : comment, par la scolarisation, la France est devenue un pays républicain entre la fin du XIXe siècle et les années 30 ?

Ozouf est entré en histoire en même temps que ses amis de la Sorbonne, au début des années 50, Denis Richet, Emmanuel Le Roy Ladurie, François Furet. Tous au Parti communiste, lui le plus distant puisque son éducation lui a laissé un scepticisme à la Montaigne. Mona Sohier, jeune philosophe montée de Bretagne à Paris, le rencontre en 1954, s'intégrant immédiatement à la bande et épousant le plus élégant du groupe l'année suivante: «On allait manger les spaghettis chez François Furet, rue Daubenton. Il était impressionnant, revenant d'une terrible opération due à la tuberculose. Il dirigeait les tubards, les étudiants en "postcure". On était communistes et ça discutait sans fin.» Ils y croiront jusqu'à l'invasion de la Hongrie par l'URSS, en 1956, puis resteront un peu pour prolonger l'amitié.

Jacques Ozouf, à la fin des années 50, est avec Furet et Le Roy Ladurie, l'un des chefs de bande des