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Libération
Portrait

Yann Moix Coup pour coups

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Yann Moix, 38 ans, écrivain et réalisateur. Macho éruptif et talentueux, bête noire de la critique, l'auteur de «Podium» prend son monde à contre-pied en révélant un passé d'enfant battu.
publié le 2 août 2006 à 22h50

Il est détesté. Et c'est comme s'il s'en délectait, comme s'il faisait tout pour que cela dure, comme si son but premier était de castagner à poings rageurs les belles âmes de la république des lettres, de s'en prendre en retour et de ne surtout pas esquiver. Yann Moix est un écrivain de talent qui est aussi un auteur à taloches. Première époque : son lyrisme d'éconduit butant contre le refus des femmes trouve grâce dans le sérail. Second temps : il fait coup double roman-ciné avec Podium, histoire d'un sosie de Claude François, fable sur la notoriété et l'ego, vue par 4 millions de spectateurs. Comme tout va bien, que l'argent, la reconnaissance et les filles s'approchent enfin, il en profite pour se jeter dans les flammes avec Partouz, réflexion décapante sur les correspondances terrorisme islamiste-frustration sexuelle. La critique arrose à la sulfateuse. L'Express : «éjaculations de haine présénile». Le Monde : «scatologie... vulgarité... mépris social». Et au hasard : macho, miso, dinguo, faux provo... Sans parler des silences hautains et des moues de commisération.

Faut dire que Moix aggrave son cas en dézinguant ses collègues de travail : Picouly, Van Cauwelaert, Bouraoui, Michon, et bien sûr Houellebecq, tout le monde mais pas n'importe qui. Faut dire aussi qu'il empoigne la sexualité masculine avec une verdeur agressive qui dénote en ces saisons douces et plaintives. Même son éditeur, après lui avoir juré amour et fidélité