envoyé spécial à Marciac
Au vu de ce qui s'est passé dans le Gers ce week-end, on peut se demander si Jazz in Marciac n'est pas arrivé à un tournant décisif de sa longue existence. Un virage assez relevé même, que les organisateurs sont en train de négocier avec l'assurance déconcertante d'un Michael Schumacher. Si l'on épluche l'affiche «véquandiale» (comme dirait Queneau) du festival, on s'aperçoit en effet que celle-ci se distingue par une absence totale de... jazz.
Fusion des genres. Qu'il sacrifie au blues, à l'afrobeat, à la salsa, aux rythmes latins ou aux ambiances afrocubaines, aucun des artistes programmés, sous chapiteau comme aux arènes, n'est issu d'une quelconque promotion de la Berklee School of Music de Boston, donc bardé de diplômes fantaisistes ou détenteur de distinctions futiles. Tous sans exception (sauf peut-être Keith B. Brown, le blueseux juvénile qui s'est fait une spécialité d'incarner à l'écran les grands maîtres du genre : Son House pour Glenn Marzano, Skip James pour Wim Wenders) ont appris ce qu'ils savent à la rude école de la vie, voire parfois de la rue. Ce qui ne signifie pas pour autant que le jazz soit devenu un genre préservé, historiquement classé et coupé des réalités. Mais plutôt qu'il existe aussi une vie (musicale) au-delà du jazz, dont celui-ci s'avère, paradoxalement, élément déterminant. Ainsi, rarement comme ce week-end, les festivaliers de passage ont-ils été exposés à ce point aux effets pervers du «swing». Normal. En vingt-neuf