C'était la fin des années 60, tout Paris se presse à la Grande Eugène, mythique cabaret de travestis. On y acclame la jeune «Belle de May», légère et ironique, méchante et tendre. Elle chante l'opérette, elle est la joyeuse «veuve d'un colonel» ou la délicieuse Lily Marlène. Elle est, en une du New York Times, «Belle de May, the Rage of Paris», au-dessus d'un portrait de l'extravagante, en haut-de-forme gris, caressant son rang de perles et envoyant de ses lèvres peintes un baiser à la vie. Belle de May fut le premier rôle d'Olivier Nicolin, mort il y a quelques jours. Il aurait eu 58 ans le 18 août.
Olivier a un peu plus de 25 ans quand il quitte son prénom pour celui de Jérôme et change de vie. Il veut être comédien. Il le sera. Pétulante chienne des Peines de coeur d'une chatte anglaise avec la troupe TSE, monstre affreux d'un Conte en hiver aux Amandiers de Nanterre, moine rigolo dans Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, rouleur de mécaniques d'Au But de Thomas Bernhard, avec Bulle Ogier, son amie chérie. Il travaille ausi avec Luc Bondy et Marie-Louise Bischofberger, entre autres dans Viol de Botho Strauss à l'Odéon. Plus récemment, et toujours avec Bulle Ogier et Luc Bondy, il joue, à Zurich et à Vienne, Une pièce espagnole de Yasmina Reza.
Puis il y eut la Chine, sa passion. Une pièce d'abord, La fuite en Chine de Bernard Minoret. Un théâtre miniature ensuite qu'il a peint, monté, fabriqué. Un théâtre