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Libération
Interview

«J'ai horreur du gâchis»

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Du lundi au vendredi, une personnalité répond, incognito, à nos questions. Son identité sera révélée lundi.
publié le 18 août 2006 à 22h58

Le travail le plus étrange que vous ayez fait ? Remailler des filets de pêche pendant deux mois. C'était un travail d'été sur un petit bateau. Au retour, tous les trois jours, le poisson était partagé ainsi : le pêcheur propriétaire du bateau avait deux parts et demi, chacun des deux pêcheurs une part, et moi, le mousse, une demi-part. Je donnais le poisson à ma logeuse comme loyer. Elle me nourrissait, parfois.

Un lieu où vous ne retournerez plus jamais ?

La place devant l'aéroport de Calcutta. J'y ai vu tant d'estropiés, de gosses mendiants et autres misères humaines, que je suis revenue dans l'aéroport, et, au lieu de prendre mes bagages pour sortir, je les ai immédiatement réenregistrés.

Un geste de la vie quotidienne que vous ne pouvez pas faire ?

Utiliser un four à micro-ondes. J'ai peur des ondes électriques. Je n'aime pas l'idée du réchauffé à toute allure, même si j'aime bien finir les restes ­ par refus de jeter, j'ai horreur du gâchis. Dans le travail, je me remets à l'ouvrage, trouvant si possible une façon d'utiliser les restes, les chutes et les loupés.

Un voyage qui a changé votre perception ?

En Chine, à la fin des années 50. La vie collective. L'effort collectif. Tout le monde en bleu sauf les bébés, habillés de mille couleurs ou quelquefois même en tissu noir à pois blancs. Loin du bon goût français de l'époque, on voyait des assortiments jamais vus : un rouge vermillon à côté d'un rose tyrien. Du coup, les géraniums roses et rouges qui poussent dans ma courette