En cette fin d'été, il y a du déménagement de livres dans l'aire de l'Ecole normale supérieure de Paris. Ce haut lieu de la rue d'Ulm, créé en 1794, bénéficiera à la rentrée universitaire d'une toute nouvelle extension, le «Nouvel Immeuble Rataud», qui abritera la noble bibliothèque contemporaine.
Les bibliothèques de lettres et de mathématiques de l'ENS explosaient, il fallait un nouvel écrin pour leurs 200 000 ouvrages. Cet équipement héberge aussi des espaces d'accueil, de réunion, un gymnase, une salle de conférence, des lieux de stockage et 60 chambres d'étudiants. Le transfert de toutes ces activités se fera progressivement jusqu'en 2007. Avec déjà des grincements de dents : les chambres, de petite taille, sont uniquement équipées de lavabos, et leurs locataires râlent.
«L'enjeu, explique l'architecte Philippe Gazeau qui l'a conçu, c'était d'insuffler un maillon contemporain dans un site historique protégé, la Montagne Sainte-Geneviève, de démontrer qu'il est possible de démuséifier Paris.» C'est pourquoi, dans ce contexte patrimonial sensible, après un concours gagné en 1997, le chantier a été si long, différé, notamment, par des actions en justice de deux associations du Ve arrondissement. Les travaux n'ont commencé qu'en 2003, et le budget a dû être réévalué. Il s'élève finalement à 18,25 millions d'euros, pour un bâtiment financé par l'Etat et la région Ile-de-France. Dans la rue Rataud, bordée de bâtiments hétérogènes des années 30, Gazeau sort des