C'est une exposition testament. Avant sa mort en 2005 à l'âge de 94 ans (Libération du 12 décembre), Boris Taslitzky avait décidé de montrer une dernière fois les dessins qu'il a réalisés en 1944 et 1945 au camp de concentration de Buchenwald. Et l'artiste avait choisi de montrer ce travail au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme (hôtel de Saint-Agnan) : un endroit où il pouvait être «à la fois juif et communiste». Et puis il aimait l'endroit pour l'oeuvre de Christian Boltanski, qui, sur un mur du musée, évoque la rafle du Vel' d'Hiv' (juillet 1942) qui avait emporté sa mère.
Soulèvement. Quatre-vingt-dix dessins originaux, réalisés avec des bouts de crayons et des morceaux de papier hygiénique ou volés au camp, sont montrés sous une lumière faible. Ce sont des petits formats représentant des scènes de la vie quotidienne de Buchenwald : Après la soupe, Camarades fatigués attendant l'appel... Buchenwald fut l'un des premiers camps libérés en avril 1945, notamment grâce au soulèvement des prisonniers. L'un d'eux emporta tous les dessins de Taslitzky, qui seront recueillis et publiés dès janvier 1946 par Louis Aragon aux éditions de la Bibliothèque française, sous le titre «111 dessins faits à Buchenwald». On ne les revit qu'en 1989, lors de leur achat par le musée de la Résistance nationale de Champigny-sur-Marne.
L'hôtel Saint-Agnan présente aussi, accrochés dans la même salle, des portraits plus fouillés et réalisés sur du papier de meilleure qualité