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Conflits de «Canard»

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Créé pour dénoncer la censure et la propagande pendant la Première Guerre mondiale, le journal satirique ne fut jamais défaitiste ni antifrançais.
publié le 26 août 2006 à 23h03

le 5 juillet 1916, naît un journal au titre étrange mais promis au succès, le Canard enchaîné, et au sous-titre explicite : «Journal humoristique». On y trouve, sur quatre grandes feuilles à la mise en page sage, des textes, des dessins, et des rubriques qui ne font alors que commencer : «la Mare aux canards», «le Point de vue du fumiste», «le Conte du canard», «Dans les bégonias», «A travers la presse déchaînée», «le Carnet de la bonne ménagère», «Petite correspondance», ou encore les «Livres» et le «Courrier théâtral». Mais aussi le très prometteur encart «le Plus beau mot de la guerre». L'hebdomadaire, paraissant déjà le mercredi, compte assez vite quelques bonnes plumes, notamment Tristan Bernard, Roland Dorgelès, Pierre Mac Orlan, Paul Vaillant-Couturier, ou même Jean Cocteau. Mais le journaliste «canardant» le plus célèbre du temps, puis de l'après-guerre, est Henri Béraud, énorme, truculent, lançant un jour aux parlementaires monarchistes : «Le peuple n'est pas content de vous ; on murmure. Et quand je dis peuple, j'entends aussi bien les poilus de l'avant que les chauves de l'arrière.»

Hommage volatile. Ce sont deux jeunes journalistes d'une trentaine d'années qui ont fondé ce canard, Maurice Maréchal, rédacteur de la presse de gauche et d'extrême gauche, collaborateur du Bonnet rouge, de la Bataille syndicaliste ou de la Guerre sociale de Gustave Hervé, mais loin d'être un foudre de guerre, et le dessinat