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Dernier appel pour le vol transatlantic 2026

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L'écrivain de science-fiction Jean-Pierre Andrevon a imaginé pour "Libération" ce que sera notre monde quand le pétrole aura disparu
par Jean-Pierre ANDREVON
publié le 1er septembre 2006 à 7h00

Pour J.-G. Ballard

C'est comme ça que tout a commencé. Avec un type appelé Ahmed el-Assad, le Lion, autrefois Jo Sienkeiwicz, natif de Vénissieux, région lyonnaise, chômeur retourné par des salafistes syriens, ayant fait ses classes en Afghanistan et désormais shahid, martyr, à preuve son torse bardé d'explosifs à commande manuelle (il suffit de tirer sur le truc qui pendouille) et les cris qu'il pousse «Allah akhbar ! Allah akhbar !», en courant pieds nus, ça fait du bien quand ça fait mal, à la surface du désert brûlant. Le lieu : Arabie Saoudite, pas très loin du terminal pétrolier de Doha, le plus important du pays, dont on voit à l'horizon onduler les tours en résille au-dessus d'une nappe de mercure. Loin, trop loin, bien sûr. Mais la ligne sombre de l'oléoduc qui rejoint la mer Rouge au bout de deux mille kilomètres est proche, toute proche. Moins de cent mètres. Il suffit de courir entre les balles qui, Allah soit loué, sifflent sans l'atteindre. Il court. Chtoff-chtoff-chtoff... la plante de ses pieds cornés dans le sable à 72 degrés.

A droite et à gauche du cylindre de bronze, chevauchant sa ligne de crête, des silhouettes en treillis cavalent, lâchant des rafales sporadiques dans sa direction. Mais le martyr les ignore. Il court. Toploc-toploc-toploc ! son coeur. Qu'il ignore. Comme il ignore Abdelaziz, Mahmoud, Shérif, laissés raides derrière lui, avec de grands trous rouges dans la kamis. Il ne pense même pas aux soi-disant vierges (soixante-dix ou soixante-et-onz