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Libération
Critique

«Taormina», l'artisanat Murat

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Son nouvel album, tout en économie orchestrale, atteste d'une inspiration bien présente.
publié le 1er septembre 2006 à 23h08

envoyé spécial à Clermont-Ferrand

Il pleut, et le vent nous décolle la moumoute. On est fin août chez Murat. Le temps en dit long sur ses chansons. On s'attendait à un ciel bleu, c'est l'averse. Depuis quinze ans, Jean-Louis Berghaud, enfant de La Bourboule, Puy-de-Dôme, compose ici, face au mont Dore, à 1 000 mètres d'altitude, dans une soupente pleine de câbles, pinceaux, carnets et cassettes DAT, ces chants qui rendent tristes les pays où il ne pleut pas. «Tout ce qui mène au tombeau/ Ici-bas devient beau/ Fait la mélancolie/ Des gens de mon pays», ouvre son nouvel album. Il faut ça, de la pluie, des guitares orageuses et du tourment pour qu'il y ait éclaircie sur une voix claire et une guitare nylon.

Avec Taormina, moitié rock-blues nerveux (Caillou, Attends-moi paysage), moitié ballades de trouvère (Démariés, Gengis), parfois à mi-chemin (le Chemin des poneys), Murat nous met au défi de l'aimer à nouveau. Ce n'est pas qu'on ait cessé, mais il publiait tant ces dernières années qu'on perdait le goût de la chose.

Sonorités. Un an après Mokba, hommage à Pouchkine et Pierre-Jean de Béranger sur une majesté de cordes Tindersticks, Murat atteste d'une inspiration bien présente, avec douze chansons triées sur le volet. Son économie orchestrale illustre le précepte rock : moins il y a de notes, plus le son est ample. Un contrat rempli avec le bassiste Fred Jimenez, fidèle depuis le Moujik et sa femme (2002), le batteur Stéphane Rey