Envoyée spéciale à Arques-la-Bataille
Athalie est de 1691 ; à cette date, Racine a 52 ans ; le terme de sa vie est déjà proche ; il mourra en 1699. Athalie est sa dernière oeuvre, le dernier mot de son génie. C'est pour plaire à Mme de Maintenon qu'il a composé cette tragédie parlée et chantée. Devenu l'historiographe de Louis XIV (et père d'une famille de sept enfants, dont cinq filles), le poète, désormais homme de cour (et non plus joyeux drille), ne peut que chercher à agréer à la reine de cette société policée, la distinguée Maintenon, accessoirement fondatrice et pédagogue en chef de la célèbre maison de Saint-Cyr vouée à l'éducation de jeunes provinciales, nobles mais impécunieuses.
Récréation. La cinéaste normande Patricia Mazuy, en recrutant Isabelle Huppert, a su montrer ce que fut l'institution Saint-Louis de Saint-Cyr, où toute heure de récréation était mise à profit pour dire de beaux textes, avoir de «vraies» conversations et apprendre à chanter. C'est ainsi qu'une première fois Racine serait amené à inventer Esther, «divertissement d'enfants» qui réveilla à la cour un tel empressement que le pieux versificateur n'hésita pas à bisser, en rappelant très vite le compositeur Jean-Baptiste Moreau, afin qu'il imaginât des intermèdes musicaux pour une deuxième «tragédie alternée», c'est-à-dire mélangeant théâtre et musique vocale.
Et voilà comment l'on arrive avec la dilution d'août dans septembre en Haute-Normandie, vers Arques-la-Batai