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Libération
Critique

Impressions de Paris à travers le siècle

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par Anne-Laure JEANSON
publié le 4 septembre 2006 à 23h09

Neuf photographes de la première moitié du XXe siècle cohabitent actuellement à l'hôtel de Sully pour l'exposition «Poétique de la ville : Paris, signes et scénarios». Soit, sous ce titre abscons, sinon dissuasif, 130 épreuves originales ou modernes provenant des collections confiées à l'Etat et conservées par la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine. Ainsi compilés, sous les auspices du réalisme poétique et de la photographie humaniste, Daniel Boudinet, Marcel Bovis, Denise Colomb, André Kertész, François Kollar, Roger Parry, René-Jacques, Bruno Réquillart et Raymond Voinquel ont au moins en commun de s'être intéressés à la vie urbaine, le plus souvent de nuit.

La ville se décline ici en une série de «petits poèmes en prose». Paris se contemple au travers d'une plaque cassée (André Kertész, 1929), dans une vitrine ou une flaque d'eau(Saint-Paul, Denise Colomb, sans date) et notre perception varie. Chez Kertész, un immeuble haussmannien semble succomber d'une balle en plein coeur. Roger Parry photographie un Immeuble seul délabré, au milieu d'un terrain vague.

Sur les traces de Charles Marville et d'Eugène Atget, ces photographes ­ qui ont en commun d'avoir vécu à Paris ­ arpentent rues et faubourgs, s'attachent aux signes particuliers (bouches de métro, réverbères, escaliers, colonnes Morris, cheminées) ou transforment l'espace urbain en un décor de film noir, comme le fit Raymond Voinquel (essentiellement photographe de plateau) à partir de 1927. Tous